dimanche 17 mai 2009

Des sympatisans de l'empathie

Une hypothèse novatrice a surgi depuis quelques temps dans le monde des troubles envahissant du comportement. Plutôt de postuler que les autistes de haut niveau ou les personnes souffrant du syndrome d'Asperger (il semblerait que la communauté scientifique ne départage pas encore bien la distinction entre les deux) seraient des individus repliés sur soi, incapables de comprendre les émotions des autres, il est proposé qu'au contraire, ces individus seraient si empathique que cela en serait difficile à supporter. C'est du moins ce qu'avancent Henry et Markram dans leur théorie intitulée « The intense world syndrome», publiée dans Frontiers in Neuroscience et rapportée dernièrement dans le Toronto Star.

Pourquoi, alors, l'égocentrisme et/ou l'égoïsme serait tant associé au diagnotic autistique? C'est qu'il existerait deux formes d'empathies : l'une plus intellectuelle, qui permettrait de différencier les informations connues de soi de celles connues des autres, et une seconde, plus émotionnelle, vulgarise le Star à l'aide de quelques exemples personnels. Si les personnes autistes auraient des difficultés à saisir la première forme, il n'en serait pas de même pour la deuxième et ceux-ci comprendraient très bien ce que ressentent les autres.

Ce que les chercheurs prétendent, donc, c'est que l'autisme ne serait pas une condition « d'hypo-fonctionnalité », comme l'on supposait précédemment, mais au contraire « d'hyper-fonctionnalité ». Ce phénomène serait expliqué par une activité excessive de traitement neuronal dans le néocortex des personnes autistes, activité qui rendrait l'expérience humaine douloureusement intense. Accaparés par ce trop-plein d'émotions et de stimuli, les personnes atteintes d'autisme se retirerait donc de leur environnement, question de se protéger.

Notons, finalement, que je suis un peu déçue du traitement du sujet fait par le Star, qui a relaté l'hypothèse sans mentionner le journal de publication, qui a énoncé un fait sans source évidente («certaines études »), qui a illustré son article avec davantage de témoignages que d'explications théoriques et qui a commenté la théorie deux ans après sa parution.

1 commentaire:

Carl inc. a dit...

Malheureusement, il est plutôt difficile d'intéresser la population en général aux sources de l'information et aux études spécifiques. Au contraire, je reste souvent vague sur des détails pour faire une "trame narrative", en quelque sorte... Mais dans un journal grand public, ils peuvent encore moins se le permettre. Malheureusement, la communication demande qu'on se préoccupe de son public!