vendredi 22 mai 2009

Anthropologie du racisme

Dans son livre The Iceman Inheritance (1978), Michael Bradley élabore une théorie peu orthodoxe sur les origines de la xénophobie et du phallocentrisme chez l'homme blanc.

Selon cet auteur :

1) La race blanche, ou "caucasienne", est native des montagnes du Caucase ;

2) Or, le Caucase aurait été un refuge pour les Néanderthaliens après la fin de la dernière période glaciaire, lorsque des populations originaires d'Afrique ont commencé à envahir l'Europe et l'Asie Occidentale, qui étaient jusque-là peuplées surtout de Néanderthaliens ;

3) Les Néanderthaliens d'Europe ont fini par se métisser avec les nouveaux venus d'Afrique, mais les Néanderthaliens du Caucase sont demeurés relativement "purs" ;

4) Les Caucasiens, donc, ont gardé beaucoup plus de traits physiques et psychologiques typiquement Néanderthaliens ;

5) Ces traits typiques, dus à l'adaptation des Néanderthaliens au climat glaciaire, sont :
- un corps trapu (pour résister au froid)
- une pilosité abondante (pour protéger le corps du froid)
- une peau blanche (sous-exposée au soleil à cause de la latitude et de la pilosité abondante)
- un nez plus gros (pour réchauffer l'air froid lors de l'inspiration)
- une capacité crânienne supérieure (Néanderthal : 1750 cm3 vs. Cro-Magnon : 1350 cm3)
- des organes génitaux plus petits chez les hommes (encore pour résister au froid)
- des organes génitaux féminins et hanches plus volumineuses chez les femmes (pour enfanter des rejetons plus trapus ayant un crâne plus gros).

6) Ces adaptations physiques à un climat glaciaire ont eux un impact sur le développement psycho-sexuel des Néanderthaliens :
- insécurité sexuelle chez les Néanderthaliens mâles dotés de petits pénis face à des femelles dotés de caractères sexuels imposants
- compensation de cette insécurité sexuelle par une domination brutale des femmes par les hommes
- sensualité peu développée à cause de la pilosité abondante qui réduit l'importance du toucher
- par conséquent, dévalorisation du corps et méfiance envers ce qui est animal
- survalorisation de l'esprit, menant à un tempérament plus cérébral, tendance aidée par une capacité crânienne supérieure.

Frustration sexuelle, méfiance face au Féminin, à l'Animal et à la Nature et cérébralisme ont produit une race d'humains plus agressifs et plus portés à vouloir contrôler leur environnement. Tout ceci expliquerait, selon Michael Bradley, les tendances destructrices, gynophobiques et xénophobiques (les races non-néanderthaliennes, mieux constituées, étant perçues comme plus animales) de la race caucasienne. Tout ceci expliquerait aussi le fait que les Caucasiens, ou Indo-Européens, aient fini par quitter le Caucase vers 5600 avant notre ère pour envahir agressivement l'Europe et l'Asie Centrale vers la fin de la préhistoire, et le reste du monde depuis l'Antiquité.

(Avant l'arrivée des Indo-Européens, l'Europe était peuplée par les Ibères (en Espagne), les Basques (dans les Pyrénées), les Étrusques (en Italie) et autres peuples non-blancs, qui ont fini par être plus ou moins assimilés par les nouveaux arrivants. L'Inde, d'un autre côté, était peuplée par les Dravidiens (un peuple noir) avant l'arrivée des Aryens, qui ont instauré un ordre social où les castes "blanches" dominent les castes "noires".)

Voilà pour la théorie de Michael Bradley. Nous trouvons cette théorie aussi divertissante que farfelue. Or, les dernières découvertes de l'anthropologie contredisent les spéculations de Michael Bradley. En effet, les Néanderthaliens formaient une espèce distincte des Cro-Magnons (Homo neanderthalensis vs. Homo sapiens), aussi distincte que l'espèce des chimpanzés (Pan troglodytes) l'est de celle des Bonobos (Pan paniscus). Les deux populations humaines ne se sont donc jamais métissées. Les Néanderthaliens ont finit par disparaître et tous les humains modernes sont de la souche Homo sapiens.

Malgré tout, la théorie de Michael Bradley a trouvé des adeptes ! Le livre The Iceman Inheritance continue de circuler dans des cercles radicaux afro-américains, prouvant que le racisme pseudo-scientifique n'est pas le monopole du national-socialisme. Comme quoi l'idéologie a besoin de la crédibilité de la science pour se rendre elle-même crédible...

Collaboration spéciale de Oscar Chica

1 commentaire:

Carl inc. a dit...

Spontanément, en lisant ce risible théorème, une idée m'est venue. Peut-être que si la pilosité avait vraiment à voir, la théorie de la sélection sexuelle aurait fait de tous les mâles des créatures totalement imberbes, et la sensualité aurait pu "revenir"? J'imagine très bien des femmes être attirés par des cadavres, mais par des poilus? Oh, jamais, franchement!

Et pour les Asiatiques? Est-ce qu'ils sont le résultat d'un croisement avec des orangs-outangs au pelage orange, et dont le mélange de couleurs a donné notre espèce?

D'un autre côté, je trouve cette théorie assez amusante, parce que cela implique des espèces humaines différentes derrière des caractères qui relèveraient plus volontiers du culturel. Comme si on voulait croire que les habitudes culturelles sont immuables. Je trouve que ça révèle une certaine insécurité de l'auteur face à la multiplicité des visages de l'humain, qu'il tente d'exprimer par cette théorie.